L’information m’a été filée hier par un ami sérieux. 116 de mes confrères aînés ou de la même génération, ont déposé leurs dossiers pour être élus à la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, alors que seuls 5 postes seront pourvus par ce mécanisme.Ce chiffre effrayant de candidatures me rappelle le même phénomène auquel nous assistons lorsqu’un concours est lancé au plan national. On peut aisément enregistrer 30.000 dossiers de candidatures pour moins de 500 personnes qui seront recrutées.
J’avais aussi observé un phénomène un peu de cette nature au moment de faire la loterie visa pour les États-Unis. Le service des passeports était débordé, car la majorité des jeunes voulaient à tout prix tenter leur chance. Alors qu’est-ce que tout ceci révèle concrètement ?
Un manque criard de débouchés, d’issues, d’opportunités pour faire valoir nos compétences au pays et vivre décemment de ce que l’on fait avec amour, dextérité et joie. Le journalisme par exemple est un des métiers des plus nobles que j’ai jamais connus. Celui qui l’exerce avec professionnalisme et rigueur n’a aucune envie de le quitter car il est si passionnant et accrochant qu’il retient tous les sens de l’homme en tant qu’activité.
Comment donc des jeunes de mon âge ou un peu plus que moi en viennent à y renoncer pour un poste à la HAAC dont la rémunération n’est pas aussi impressionnante que cela et dont la noblesse elle-même est à rechercher?
La HAAC, je le rappelle, n’est qu’un organe de régulation, une sorte de censeur qui n’a d’ailleurs jamais été en odeur de sainteté avec le corps des journalistes. Pourquoi donc autant de gens sont tentés d’y aller en renonçant à cette activité de journaliste qui est censée leur donner toute leur valeur en société ?
C’est clair que dès l’instant où notre métier n’est vraiment pas considéré dans notre pays, dès l’instant où l’on enregistre de moins en moins d’encarts publicitaires, le journaliste tire véritablement le diable par la queue pour se maintenir en vie, oui en vie. Et son cas, malheureusement, n’est pas unique en son genre. Il est symptomatique de ce que vit l’ensemble des jeunes sur le territoire national.
Peut-on avoir d’autres indicateurs pour sérieux et plus crédibles pour interpeller nos dirigeants sur l’impératif de réfléchir plus rigoureusement à la manière d’ouvrir le champ de l’emploi dans notre pays?
L’idée n’est forcément pas ici de lancer des concours pour recruter dans l’administration publique, mais de réfléchir à la manière la plus convenable de repartir les ressources de l’État qui sont, il faut le rappeler, le fruit du labeur du peuple que nous constituons.
Il faut aussi songer à renouveler la classe dirigeante, insérer suffisamment des jeunes dans l’appareil directionnel de l’État de sorte à leur permettre de se faire la main et de se faire valoir.
Notre administration est engorgée de vieux rouillés, retraités depuis de longues années que l’on a du mal à libérer alors que ceux-ci, avec leurs vielles méthodes de travail, n’ont plus aucun rendement, étouffent la jeunesse, et tirent l’administration elle-même vers le bas.
Il y ‘en a aussi qui, dans cette même admission, cumulent contre tout bon sens, plusieurs postes de responsabilité pendant que des jeunes, pleins de vigueur, d’énergie et d’envie, sont désœuvrés et cherchent désespérément des issues pour montrer ce dont ils sont réellement capables.
Le besoin de faire quelque chose de sérieux et de significatif pour cette jeunesse est plus qu’urgent et impératif dans notre pays qui est notre seul et vrai bien commun.
Luc Abaki